Les îles Canaries abritent peu d’animaux réellement dangereux pour l’homme, mais il en existe tout de même quelques-uns qu’il vaut mieux connaître avant de s’y rendre. Situé au large des côtes marocaines, cet archipel espagnol bénéficie d’un climat subtropical stable qui favorise une faune variée, entre espèces terrestres, marines et invertébrés. Bien que la majorité des animaux y soient inoffensifs, certaines rencontres peuvent représenter un risque si l’on ne prend pas quelques précautions simples. Nous allons ici passer en revue les espèces à surveiller, les contextes dans lesquels elles posent problème, et comment réagir en cas de contact ou de morsure.
Les scolopendres : des mille-pattes à la morsure douloureuse
Le scolopendre, et plus précisément le scolopendra canariensis, est l’un des rares invertébrés terrestres réellement dangereux présents aux Canaries. Ce mille-pattes de couleur brune ou orangée peut atteindre jusqu’à 20 cm de long. Il est principalement actif la nuit, et se cache dans les pierres, les souches ou les fissures de murs.
La morsure du scolopendre n’est pas mortelle, mais elle est très douloureuse. Elle provoque une inflammation locale, des rougeurs, des douleurs aiguës pouvant durer plusieurs heures, voire des réactions allergiques chez les personnes sensibles. Des cas de morsures sont régulièrement rapportés dans les zones rurales ou dans les jardins peu entretenus.
Où les rencontre-t-on
On trouve les scolopendres sur presque toutes les îles, en particulier à Tenerife, Gran Canaria et La Palma. Ils apprécient les environnements chauds, secs et à l’abri de la lumière.
Comment s’en protéger
Il suffit d’éviter de manipuler les pierres à mains nues, de secouer les draps ou serviettes laissés dehors, et de porter des chaussures fermées la nuit dans les zones rurales. En cas de morsure, une désinfection et une surveillance médicale sont recommandées.
Les méduses : un risque saisonnier sur certaines plages
Les eaux autour des Canaries sont globalement sûres, mais la présence occasionnelle de méduses peut représenter un danger pour les baigneurs. L’espèce la plus redoutée est la physalie, aussi appelée “galère portugaise”. Bien qu’elle ne soit pas une vraie méduse, elle possède de longs filaments venimeux pouvant provoquer de sévères brûlures.
La physalie dérive souvent avec les courants, notamment entre avril et septembre. En 2022, plus de 3 500 cas de piqûres ont été recensés sur les plages de Grande Canarie et Fuerteventura. Les plages surveillées signalent leur présence avec un drapeau violet.
Les effets de la piqûre
La douleur est immédiate, comparable à une décharge électrique. Des cloques peuvent apparaître, accompagnées de maux de tête, de nausées ou de difficultés respiratoires chez les personnes sensibles.
Les bons gestes en cas de contact
Il ne faut pas frotter, mais rincer à l’eau de mer, retirer les filaments avec une pince (pas à main nue), et appliquer de la chaleur locale pour neutraliser les toxines. L’eau douce ou le vinaigre sont à éviter dans ce cas précis.
Les araignées : rares mais à connaître
Les Canaries comptent une grande variété d’araignées, mais très peu sont potentiellement dangereuses pour l’homme. La plus notable reste la veuve noire européenne (latrodectus tredecimguttatus), qui peut se rencontrer dans les zones rurales sèches de Fuerteventura ou Lanzarote.
Cette araignée est noire, brillante, avec parfois des taches rouges sur l’abdomen. Elle n’est pas agressive, mais sa morsure peut provoquer des douleurs musculaires, des crampes et des malaises dans les heures qui suivent. Les cas restent rares et sans séquelles graves si traités rapidement.
Comment la repérer
Elle se cache souvent sous les pierres, dans les garages ou les zones de stockage agricoles. On la reconnaît à sa toile irrégulière proche du sol.
Que faire en cas de morsure
Consulter rapidement un centre médical est recommandé. Le traitement consiste en une surveillance et, si nécessaire, un traitement antalgique. L’antivenin est rarement utilisé sauf en cas de complications.
Les rascasses et poissons-pierre : un danger pour les plongeurs
En snorkeling ou en plongée, certains poissons présentent un risque non négligeable. C’est le cas de la rascasse volante (lionfish) et du poisson-pierre, bien que ce dernier soit plus rare dans les eaux canariennes. Ces poissons sont dotés de rayons venimeux qui peuvent perforer la peau et injecter un venin très douloureux.
La rascasse est reconnaissable à ses nageoires rayées et à sa posture immobile près des rochers ou fonds coralliens. Elle se rencontre principalement dans les zones rocheuses de Tenerife et de La Gomera. Son venin peut causer une douleur intense, une inflammation rapide, voire une perte temporaire de mobilité du membre touché.
Les zones à risque
Ces poissons vivent entre 1 et 30 mètres de profondeur, cachés dans les anfractuosités ou à l’ombre. Ils ne fuient pas l’approche humaine, ce qui augmente le risque de contact accidentel.
Les précautions à prendre
Il est conseillé de ne pas poser les mains ou les pieds sur le fond marin, même en eau peu profonde. Les chaussons de plongée réduisent le risque. En cas de piqûre, il faut plonger le membre touché dans de l’eau très chaude (45 °C) pendant 30 à 60 minutes.
Les chiens errants : un risque présent dans certaines zones rurales
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’un des dangers terrestres les plus sous-estimés est lié aux chiens errants. Bien que globalement encadrée, la population canine des Canaries comporte des chiens de berger ou de garde qui peuvent vivre en semi-liberté, notamment dans les zones rurales et montagneuses.
Des attaques ou des comportements menaçants ont été signalés à El Hierro et sur les sentiers reculés de Tenerife. La race locale, le presa canario, est puissante et parfois utilisée pour la garde. Hors surveillance, elle peut représenter un danger.
Comment réagir face à un chien menaçant
Il faut éviter de courir ou de crier. Se tenir droit, immobile, et éviter le regard direct. Si l’animal approche, créer une barrière avec un sac ou un bâton peut suffire à le dissuader.
Les risques sanitaires
Outre les morsures, il existe un risque de transmission de maladies comme la leptospirose ou la rage (très rare). Il est donc important de signaler tout contact suspect aux autorités locales.
Les insectes piqueurs : désagréments plus que dangers
Moustiques, guêpes et frelons font partie de la faune courante aux Canaries, mais ils sont rarement porteurs de maladies. Le moustique tigre est présent depuis quelques années, mais à un niveau bien moindre que sur le continent. Les piqûres restent bénignes dans la majorité des cas.
Les allergies aux piqûres d’insectes concernent une minorité de la population (environ 2 %), mais elles peuvent provoquer des réactions sérieuses, comme un œdème de Quincke. Il est conseillé aux personnes allergiques de toujours avoir une trousse d’urgence avec antihistaminiques ou auto-injecteur.
Les périodes les plus sensibles
Les moustiques sont plus actifs au printemps et en été, surtout en zone humide ou près des plans d’eau. Les zones côtières sont globalement moins touchées.
Les gestes préventifs
Utiliser des répulsifs, porter des vêtements longs le soir, et éviter de laisser de l’eau stagnante autour des logements de vacances sont des gestes simples mais efficaces.
Même si les Canaries ne sont pas considérées comme une région à faune dangereuse, il reste utile de connaître les quelques espèces ou situations qui peuvent poser problème. Avec un peu de vigilance, ces risques restent très limités, et ne doivent pas empêcher de profiter pleinement de la richesse naturelle de l’archipel.